Captive du Seigneur de la Mafia Tome 1 by AB. Blackwood

Auteur:AB. Blackwood [AB. Blackwood]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2022-06-04T00:00:00+00:00

CHAPITRE 29

Je monte dans ma chambre en courant et me jette sur mon lit encore habillée, sans ôter mes chaussures. J’attrape un oreiller et me mets à pleurer à chaudes larmes. Qu’est-ce qui ne va pas chez lui ? Ou plutôt qu’est-ce qui ne va pas chez moi ?

Je me roule en boule sur le lit, sans égard pour ma robe de soirée, ni pour l’oreiller que je barbouille de mascara. Je sanglote sans retenue. Encore une fois, tout se mélange dans mon crâne. Ces derniers jours défilent dans ma mémoire en une série de flashs qui me donnent la migraine. Et puis, comme je ferme les yeux dans l’espoir de faire le vide, le visage de mon père se superpose à celui de Víctor. Happée par mon passé, je bascule, reviens en arrière…

— Je te présente ma princesse.

Ma princesse. Calmée par ce surnom malgré ma douleur et ma colère, ravie que mon père m’appelle ainsi, j’adresse un sourire de politesse à la voleuse. Mais tandis que cette dernière se rengorge, je comprends mon erreur. C’est elle qu’il appelle comme ça. Elle. Pas moi. C’est sa maîtresse, celle qui l’a arraché à notre foyer qu’il appelle comme ça. Celle qui m’a pris mon papa. C’est elle, sa princesse.

Je rentre les épaules et lutte pour ne pas disjoncter alors qu’il nous présente l’une à l’autre devant la porte du restaurant. Elle est horrible. Vulgaire. Avec ses extensions platine, ses faux-cils et ses gros seins en plastique, elle me dégoûte. Je voudrais la tuer. Je voudrais la voir mourir dans d’atroces souffrances. Mais papa ne prête pas attention à mon état. Il ne regarde qu’elle. Comme si je n’existais pas. Comme si j’étais un meuble. Un vieux meuble dont on ne veut plus, mais qu’on est forcé de garder…

Dans ma chambre à l’hacienda, la crise s’amplifie. Je suis tellement pathétique. Conne. Minable. Est-ce que Víctor se fiche de moi sur le fond ? Pourquoi est-ce que je m’amourache comme une pauvre fille désespérée ? Parce que tu es une pauvre fille désespérée. Cafard. Sale petit cafard dont personne ne veut. Sale petit cafard qui fatigue tout le monde. Même ton propre père te trouve soûlante. Même ta mère. Alors Víctor… Qu’est-ce que j’ai imaginé ? Qu’est-ce que j’ai espéré ? Que j’étais davantage qu’un caprice pour lui ? Qu’il allait tenir bon ? Que je pouvais m’agripper ? Pauvre fille. Cafard. Pauvre fille. Personne ne te supporte. Petite paumée égocentrique et chiante. Petite pucelle de merde.

Je mords l’oreiller pour rester silencieuse. Le tourbillon qui s’élève en moi pulvérise mon esprit. J’ai l’impression de devenir folle. Folle à m’arracher les cheveux, à me cogner la tête pour que ça s’arrête. Stop. Il faut que ça s’arrête. Stop…

Une main se pose sur mon épaule. Je sursaute.

Víctor.

Toujours pas lavé. Toujours mal rasé. Sans veste et sans cravate, mais encore dans sa chemise sale. Je ne l’ai pas entendu entrer dans la chambre, ni même s’asseoir au bord du lit. Secouée, je relève mon visage ruiné par les larmes et le maquillage qui coule.

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